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Silereves, "Alice und Yeats’ Broken Dreams", concept album ?




« Alice und Yeats’ Broken Dreams », ça a à voir avec la « Alice » de Lewis Carroll ?

« Alice und Yeats’ Broken Dreams », c’est d’abord « Alice und Yeat’s » c’est-à-dire que sur ma musique j’ai tenu à rajouter des textes de poètes du 19ème siècle (Lord Byron, Rimbaud, Baudelaire, Lewis Carroll, Edgar Poe) et début 19ème (Yeats, Eluard), tendance gothique (hormis Eluard). Cette incursion de poésie sombre sur ma musique m’a paru comme une évidence, d’autant plus que j’étais particulièrement séduit par l’idée que ma musique comporte des voix humaines, en dehors de la mienne sur la seule chanson de l’album (« le cirque »). Dans mon esprit ces musiques sont surtout de la poésie, ou des tableaux, et je voulais renforcer cet aspect par l’ajout de déclamations poétiques en langue anglaise et française. Mais comme je suis plutôt vicieux, aux voix réellement humaines (Duane Stoltz, Kylene Coombs, les sœurs Alisson et Marie L.) s’ajoutent des voix générées par une IA sur certains morceaux.



Et « Broken Dreams » ?

« Broken Dreams » se présente comme un contraste à « Alice… ». J’ai failli proposer une pochette d’album qui était ainsi : Alice et Yeats prenant le thé dans une verte prairie, avec au loin dans le ciel un avion de la première guerre mondiale déversant ses bombes. C’est un peu un rappel à la réalité, sûrement provoqué par la guerre en Ukraine. L’enfer sur Terre et sa menace atomique viennent tourmenter les doux rêves morbides des poètes maudits : là est le concept. Mais ce « concept » n’était pas là au début. Il s’est imposé à partir du moment où j’ai découvert le travail de l’écrivain Vincent Blenet avec Van Jarre.



Vincent Blenet, qu’on entend sur cet album ...

Oui. Sur du rap electro, Vincent fait de grosse voix un peu Dark Metal, ce qui m’a interpelé dans le sens où c’était l’antithèse de ce que j’étais en train de créer. Je lui ai donc demandé de bien vouloir poser cette voix sur un morceau aux sons urbains qui ne collait pas avec le reste de l’album. Il a gentiment bien voulu le faire (Vincent est toujours ouvert aux expérimentations) et après plusieurs autres expérimentations du même type un deuxième album « dans l’album » est né, il se serait appelé « Broken Dreams, featuring Vincent Blenet ». Ils auraient même pu être édités séparément mais le contraste entre « Alice… » et « Broken Dreams » me plaisait. Les textes dits par Vincent avec sa grosse voix sont sa création, je lui donnait un vague thème mais j’ai utilisé sa voix comme un instrument de musique et choisissant certaines parties de ses enregistrements, découpant des phrases, intervertissant des mots.



Tu y as inséré des textes anciens ?

Les textes des poètes, fin 19eme début 20eme, sont des extraits car s’ils avaient été lus en entier cela aurait été un peu chiant à la longue, cet album c’est surtout de la musique et les voix servent la musique, l’ambiance, pas l’inverse. Par contre sur le morceau « Bêtes et méchants », reprenant le poème de Paul Eluard, le texte est lu en entier par Vincent Blenet avec sa voix normale. Évidemment les bruits de bottes du poème ce sont aussi ceux des russes en Ukraine.

Il y a d’autres contraste dans l’album en dehors de « rêverie et guerre ». Il y a aussi « sérieux et pour rigoler ». Ainsi le rebondissant « Popop ze Bomb » fait suite au sombre « Bêtes et méchants », mais surtout j’ai inséré, après l’apocalyptique morceau sur Darkness de Byron (poésie sombre s’il en est), un léger pastiche de Santana, où on sent la plage et les cocotiers. C’est aussi ce que j’aime faire : choquer, sûrement l’influence que je n’ai jamais renié des Monty Pythons que j’ai beaucoup aimé dans leur mélange de d’humour anglais sur des sujets douloureux (par exemple dans « le sens de la vie », la scène de la première guerre mondiale).

Pour les instruments il y a la guitare acoustique classique, la guitare électrique (vieille Harley…), les synthés, le piano, les percussions jouée par un ami, des samples de batterie.



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