Gossip est un trio détonant et pour le moins étonnant. Mené par une chanteuse soul, sur des rythmes dance avec des éléments ça et là empruntés au rock. Le cocktail a déjà conquis la planète avec "Music for men" en 2009, mais ne s'est plus manifesté depuis "A joyful noise" il y a douze ans et cette longue absence d'une décennie, nous pousse à nous demander où ils en sont. 
Voilà le même producteur qu'il y a dix ans, Rick Rubin qui a autant produit The Beastie Boys que Johnny Cash, les Red Hot Chilly Peppers que Justin Timberlake, histoire de redonner toute sa splendeur à Gossip. Le disque est très varié. Il ne se limite pas à la puissance rock du martelé "Act of god", au disco assumé du très bon "Real power", il offre des atmosphères diverses comme "Crazy again" qui pousse sur du rock, ou "Edge of the sun" et ses mélodies à tiroir qui se la joue pop, ou la ballade finale "Peace and quiet". Beth Ditto est une sacré chanteuse et les chansons de "Real Power" lui permettent de montrer toute la palette de son talent vocal.

Fool’s Mate est le deuxième album de R.E Seraphin , après  Tiny Shapes en 2020. il a été enregistré avec Jason Quever des Papercuts en Californie. Le parlé chuchoté de Seraphin donne à ses chansons un côté intimiste, me rappelant (quelle mauvaise habitude de tout comparer, dis donc !)  Jim Reid de The Jesus & Mary Chain. L'accompagnement est dans un esprit rock à base de guitares, quelques rares notes de piano s'invitent également le long de ces douze titres. Les plus réussis, à mon goût, sont "Bound", ( "I will not be bound") porté par une basse ronronnante, pour un titre net, court et précis, et "Expendable Man", à la mélodie très réussie, dont la voix est doublée et agrémentée de chœurs, chose rare sur ce disque, très brut, si peu pop. D'ailleurs les démos de l'album que l'on trouve sur la page Bandcamp de cet artiste sont peu produites, et très proches des versions définitives, si ce n'est ce léger vernis utilisé lors du mixage avec un travail sur la réverb et au mastering qui donne un peu plus de rondeur et d'unité au son définitif de l'album.
"What We Don't Know" apporte le "and roll" au rock de Seraphin.
L’album se termine par une cover de « Jump in the River » de Sinéad O’Connor que Seraphin s'approprie élégamment empruntant au passage discrètement un petit riff de Radio Birdman à la trente-cinquième seconde (Ecoutez la basse) . Monsieur a des lettres ou le hasard est taquin.. 

On ne compte plus les groupes de rock indé américain de bonne facture. Qu'est-ce qui ferait sortir du lot, Good looks, ce quatuor venu du Texas et dont sort le deuxième album ? Sûrement pas la pochette de leur disque qui cherche le suicide commercial. Passons !
Loin du rock texan que l'on imagine en jointant ces deux mots, la musique proposée sur ce "Lived here for a while" prend le temps de poser ses climats sur des guitares qui n'hésitent pas à sonner eighties, loin des clichés posés dans le genre dans les nineties. "Day of judgment" choisit un mid tempo rampant et tisse ses guitares simples mais imaginatives et complémentaires. Comme exemple de cet emprunt aux guitaristes de eighties, citons la deuxième guitare de "Vaughn" qui reste, à mon goût, un peu bavarde. "White out" hausse le tempo, puis "Vultures" le calme. C'est une jolie ballade. Le disque est agréable et varié.

Depuis qu'il est apparu en 2006 chez  Jools Holland, Steven Gene Wold, baptisé Seasick Steve pour son mal de mer, est passé d'une carrière de musicien en studio à une carrière de frontman jouant le blues sur de drôles de guitares n'ayant pas toutes leurs cordes réglementaires. Donnez-lui un manche à balai et un élastique et notre homme vous sortira une merveille comme en attestent ces vidéos que l'on peut trouver sur le net. Sa biographie a souvent varié, créant une légende de hobo, travailleur saisonnier et itinérant. quoiqu'il en soit, Seasick Steve a sorti plus d'une dizaine d'albums depuis "Cheap" en 2004. Vingt ans après, en 2024, à soixante-treize ans, il sort " A Trip a Stumble a Fall Down On Your Knees". C'est un album de blues électrique, dans l'esprit de ce que fait Billy Gibbons, quand Steve est accompagné d'un groupe conséquent, car "A Trip A Stumble A Fall Down On Your Knees" est un disque plus travaillé, moins minimaliste que d'autres de ses albums avec parfois un côté jazz soul porté par des choeurs sur "A Trip and a Stumble (For Leya)", du blues plus classique à la BB King ("San Francisco Sound"), du funk ("Funky Music"), des titres plus proches de ce qu'on a connu de lui, à savoir ce blues rugueux qui tourne autour d'un riff et porté par un petit combo de musiciens ("Soul food"). "Move to the Country", titre qui ouvre l'album, salue John Fogerty, tandis qu'"Elisabeth" qui le termine sort la guitare acoustique pour la première fois de l'album pour une ballade qui fait pleurer de la plus belle façon un harmonica. Cet album, finalement, c'est un peu comme le bilan de compétences de Seasick Steve, et, elles sont énormes.

L'Australie ou la Nouvelle-Zélande nous ont livré bon nombre de groupes de pop excellents comme les Go-Betweens ou Crowded House. C'est dans cette cour là que joue Alan Gregg, l'homme derrière "Polite Company". Il a fait partie des Mutton Birds ou de Marshmallow. Notre Néo-Zélandais maintenant basé au Royaume-Uni flanqué de Ron Sexsmith et de Bic Runga (Excusez du peu !) livre un album sur lequel les mélodies sont à la fête même si, par exemple, "Circulation" évoque la dépression. Outre de beaux arpèges de guitare ou de piano, on trouve diverses choses sur cet album comme les cuivres de "Perfectly Good Explanation" et son rythme jamaïcain, quelques passages joués sur du matériel lofi style Bontempi comme l'intro du très joli "New Yacht" mais toujours de solides mélodies, bien ouvragées, de manière classique mais d'une grande musicalité.